Après Suez, Engie se prépare à une autre bataille sur les services

Publié le 30 Jul 2021 à 15:04, par Anne Drif, Sharon Wajsbrot - Les Echos

Engie accélère son recentrage stratégique avec la cession de 11,5 % du gestionnaire du réseau de transport de gaz français GRTgaz à la CDC et à CNP Assurances. Cette opération qui allège sa dette de 1,1 milliard d'euros doit être suivie à la rentrée par la vente d'Equans, dont les enchères s'annoncent très disputées.

Au premier semestre, le chiffre d'affaires d'Engie a progressé de 13,9 % à 31,3 milliards d'euros. (Xavier Francolon/SIPA)

Sous la houlette de sa nouvelle directrice générale, Catherine MacGregor, Engie accélère la cadence de son recentrage stratégique. Après la cession de ses parts dans Suez, de celles détenues dans le numéro un mondial dans les membranes pour les cuves des navires qui transportent du gaz naturel liquéfié GTT ou du spécialiste du stockage d'énergie EPS, le groupe engage la vente de 11,5 % du gestionnaire du réseau de transport de gaz français GRTgaz à la Caisse des dépôts et CNP Assurances.

Avec cette nouvelle opération, Engie réduit son exposition aux réseaux gaziers français et empoche 1,1 milliard d'euros. De quoi se donner de nouvelles marges de manoeuvre pour grandir dans les énergies renouvelables et les infrastructures à l'international.

De multiples candidats en lice

Cette annonce, associée à des résultats très flatteurs au premier semestre ainsi qu'à une révision à la hausse de l'objectif annuel de résultat net récurrent du groupe, n'a toutefois pas convaincu les investisseurs : vendredi en fin de matinée, le titre Engie cédait plus de 3 % à Paris.

Si la hausse des prix de l'électricité, du gaz, l'hiver relativement froid et la forte disponibilité des centrales nucléaires belges du groupe ont fait bondir son excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 21 % par rapport à 2020 (à 5,4 milliards d'euros), le gros morceau de ses cessions d'actifs doit encore se concrétiser.

En ordre de marche pour vendre ses activités de services rassemblées dans l'entité Equans - dont la valorisation pourrait atteindre 4 à 6 milliards d'euros-, Engie voit pourtant déjà se bousculer les prétendants.

Les industriels français Eiffage, Bouygues et Spie sont sur les rangs, tout comme les grands noms du capital-investissement - les américains Bain Capital, Apollo, Carlyle, Advent et les franco-britanniques CVC allié à PAI, ainsi que le fonds londonien Cinven. Le plus important fonds tricolore, Ardian, souhaite lui intervenir en co-investisseur, dans un second temps. 

Campagne de lobbying

Outre le montant du chèque, le principal enjeu sera social. Equans compte 74.000 salariés, dont 26.000 en France. Du coup, les industriels plaident leur cause, pointant les promesses non tenues par les fonds dans d'autres dossiers, tandis que les fonds brandissent le risque de synergies des coûts figurant dans les projets des industriels.

Au vu des enjeux, dans les deux camps, certains ne cachent pas, déjà, leur intérêt à nouer une alliance, même si la gouvernance pouvait s'avérer plus compliquée. Avec les fonds, les industriels s'offrent une puissance de feu financière. A l'inverse, les premiers gagnent le drapeau français qui peut leur faire défaut dans un dossier qui sera suivi de près par les pouvoirs publics à quelques mois de l'élection présidentielle.

Spie s'est ainsi associé à l'un de ses anciens actionnaires, le fonds américain CD & R, pour déposer une offre, selon plusieurs sources. Bouygues aurait de son côté tenté une approche auprès d'Apollo. A priori les deux acteurs déposeront une offre individuelle en septembre, avant potentiellement d'envisager une alliance. Reste que si la confusion régnait, Engie pourrait aussi agiter une autre option : la mise en Bourse de ses activités.


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